Dans
notre commune de Bretagne, Saint-Aubin-du-Cormier – située entre
Fougères et Rennes – vit une famille habitant en plein centre
bourg, à côté de l’église. Le plus jeune, Kledian, y termine sa
scolarité à l’école primaire Alix de Bretagne où il rentra en
fin de cours préparatoire. Son frère aîné, Gentian, fit sa
scolarité au collège Pierre de Dreux qu’il achève cette année
en troisième. Tous deux naquirent en Crète alors que leurs parents
y exerçaient une activité de maçon pour leur père Artan et
d’agent hospitalier pour leur mère Lirie, de 2002 à 2011, dans
cette terre de Grèce.
Cette
famille Saint-Aubinaise est appréciée de leurs concitoyens pour
leur présence et participation active à la vie communale :
entretien du jardin médiéval avec l’association Ragoles &
Béruchets, présence active lors des fêtes scolaires pour la
préparation de goûters et l’accueil des familles, activités
paroissiales pour les parents, clubs sportifs pour les plus jeunes.
Une
trentaine de lettres, signées par le curé de la paroisse, des
conseillers municipaux, l’équipe éducative du collège, celle de
la médiathèque, des institutrices, des responsables d’association…
et des citoyens en témoignent.
Mais
pourquoi témoigner ?
Parce
que Lirie et Artan Karasani ont dû fuir l’Albanie en catastrophe
en 2002 pour se réfugier en Grèce où Artan fut sauvé, par une
intervention chirurgicale, d’une blessure mortelle infligée par un
truand qui n’était pas sans complices menaçants. Ils y trouvèrent
refuge 9 ans, y travaillèrent et eurent deux garçons. La situation
économique du pays s’effondrant, ils décidèrent de revenir en
Albanie. Mais les menaces premières n’étaient pas oubliées, la
fuite s’imposait. Ils choisirent la France « patrie des
droits de l’homme » où ils arrivèrent munis de leur
passeport, en toute légalité, en décembre 2012 pour, après un
long périple, demander asile à Rennes. En avril 2013 ils
s’installèrent à Saint-Aubin-du-Cormier.
Parce
que leur demande d’asile fut rejetée en janvier 2015, ils ne
bénéficiaient plus du dispositif du centre d’accueil pour les
demandeurs d’asile, ils étaient alors privés de leurs droits et
de leur logement.
Parce
que les liens qu’ils avaient tissés avec la population locale leur
permit de trouver un logement et des promesses d’embauche qui ne se
concrétiseraient que s’ils n’étaient pas empêchés légalement
de travailler.
Parce
qu’un arrêt préfectoral en mars 2016 leur ordonne de quitter leur
lieu de vie, leurs amis, de mettre fin à la scolarité de leurs
enfants, de briser des liens d’amitié et de camaraderie pour
retrouver le lieu où il y a quatorze ans Artan grièvement blessé
et Lirie enceinte de son premier enfant durent fuir. Endroit étranger
et hostile à peine découvert par leurs deux enfants entre leur
enfance en Grèce et leur épanouissement ici, à
Saint-Aubin-du-Cormier.
Parce
que le refus d’asile et l’arrêté qui a suivi se fondent, entre
autre, sur deux erreurs, bénignes si derrière le dossier il ne
s’agissait pas de personnes : La famille est bien entrée en
toute légalité sur le territoire français ; Gentian et
Kledian sont bien nés en Grèce – en Crète plus précisément –
et y ont vécu leur prime enfance.
Parce
qu’enfin c’est toute la communauté de Saint-Aubin-du-Cormier qui
serait bafouée et meurtrie si d’aventure on en arrachait de force
quatre de ses membres.
Collectif
de soutien à la famille Karasani